Mercy-le-Haut 1914-1918

Mercy-le-Haut 1914-1918

Les victimes civiles

Les victimes civiles

Mercy-le-Haut

 

A la fin de la guerre, Mercy-le-Haut comptera et inscrira sur le monument aux morts 11 victimes civiles

 

  • 9 victimes civiles tuées le 22 août au soir pendant les combats
  • 1 victime civile tuée le 23 août (en l'absence de combat)
  • 1 habitant mort en déportation en Allemagne (1917)

 

Noter que parmi les 9 victimes du 22 août se trouvent 2 habitantes de Herserange (près de Longwy): surprises par les combats alors qu’elles rentraient chez elles, elles se sont arrêtées à Mercy-le-Haut et réfugiées dans la maison L’Huillier.

 

Voici la liste des 11 victimes civiles: 

 

Nom Prénoms

Date & lieu de décès

Domicile

ADAM Auguste

19/02/1917 Grossporitsch-près-Zittau (Saxe-Allemagne) Allemagne (ex Prusse)

 Mercy-le-Haut

COLLIGNON Jean Emile

22/08/1914 Mercy-le-Haut (54)

 Mercy-le-Haut

GÉHIN VEUVE PANA Amélie Marguerite

22/08/1914 Mercy-le-Haut (54)

 Mercy-le-Haut

GODART FEMME RUER Marie

22/08/1914 Mercy-le-Haut (54)

 Herserange

GUERVILLE Maurice

23/8/1914 Mercy-le-Haut

 Mercy-le-Haut

GUIDON Renée Augustine

22/08/1914 Mercy-le-Haut (54)

 Mercy-le-Haut

JACQUINET FEMME L'HUILLIER Marie Catherine

22/08/1914 Mercy-le-Haut (54)

 Mercy-le-Haut

KUCHLER Madeleine

22/08/1914 Mercy-le-Haut (54)

 Herserange

L'HUILLIER Jean-Baptiste

22/08/1914 Mercy-le-Haut (54)

 Mercy-le-Haut

MANDY Léon

22/08/1914 Mercy-le-Haut (54)

 Mercy-le-Haut

PANA FEMME GUIDON Eglantine Zulma

22/08/1914 Mercy-le-Haut (54)

 Mercy-le-Haut

 

Nous reproduisons ici 2 pages du registre d'état-civil de Mercy-le-Haut. Dans ces 2 pages, Gustave Collignon, adjoint au maire, a enregistrés le décès des 8 victimes civiles tuées les 22 et 23 août et domiciliées à Mercy-le-Haut. 

 

Noter que cet enregistrement a eu lieu dès le 23 août, alors que les soldats allemands occupaient encore le village.

 

Etat civil Mercy A 140112.gif

 

 

Etat civil Mercy B 140112.gif

 Registre de l'état civil, pages du 23 août 1914

 

Le registre d'état-civil montre que plusieurs victimes étaient membres d’une même famille. Quand on regroupe les victimes par famille, on constate que deux familles ont été particulièrement touchées : la famille GEHIN / PANA / GUIDON et la famille L’HUILLIER.

 

 

La famille GEHIN / PANA / GUIDON

 

Dans la soirée du 22 août, une douzaine de personnes sont réfugiées dans la maison L'HUILLIER. Parmi elles, se trouvent 4 personnes de la famille GEHIN / PANA / GUIDON: Amélie GEHIN (veuve PANA), 60 ans, sa fille Eglantine PANA (épouse d'Abel GUIDON), 29 ans, et ses deux petites filles Renée Augustine GUIDON, 3 ans, et Claire GUIDON, 14 mois (la soeur de Renée). L’extrait d’arbre généalogique suivant montre les liens de parenté. Cet arbre généalogique a été réalisé à partir des informations disponibles dans le livre « Familles de Mercy-le-Haut et Boudrezy de 1660 à 1905 » par Mme Chantal Speltz, Monsieur Jacques Peccavy, et Monsieur René Breden.

 

En 1914,  Abel et Eglantine GUIDON tenaient un café qui se trouvait sur la Quertille, la dernière maison à droite avant la sortie vers Murville. Cette maison était voisine de la maison L'HUILLIER, qui se trouvait à l'angle de la Quertille et de l'actuelle rue Albert Lebrun. Le 22 août 1914 dans l'après-midi, en l'absence d'Abel GUIDON, le seul homme de la famille, Eglantine GUIDON et sa mère ont décidé de se réfugier avec les deux enfants dans la maison voisine, pour ne pas être seules. Leur maison se trouvait en première ligne, face aux Allemands qui avancaient en provenance du bois et de la croix Colas. 

 

Le 22 août au soir, à la fin des combats, les soldats français ont reçu l'ordre de se retirer vers éviter l'encerclement. Ceux qui se trouvent sur la quertille, à la hauteur de la chapelle Notre-Dame de Luxembourg, traversent la maison L'HUILLIER. Les soldats allemands pénètrent dans la maison L'HUILLIER à la poursuite de soldats français. C'est le crépuscule, il fait sombre dans la maison, ils tirent sur tout ce qui bouge. 7 personnes sont tuées.

 

Parmi les victimes, se trouvent Amélie GEHIN, Eglantine PANA, et la petite Renée. Claire (14 mois) a échappé au massacre, probablement protégée par les corps des victimes.

 

On ne possède pas d’information sur le parcours d'Abel GUIDON en 1914. Selon toute probabilité, il avait été mobilisé en fin juillet 1914 et n’était plus à Mercy-le-Haut le 22 août 1914.

  

Arbre gene Pana 140118 001.jpg
 Arbre généalogique famille Gehin / Pana / Guidon (partiel)

 

En janvier 1915, Abel GUIDON était encore sans nouvelles de sa femme et de sa fille. Il a fait paraître un avis de recherche dans le bulletin de Meurthe-et-Moselle, édité à Paris par la société d'assistance aux réfugiés de Meurthe-et-Moselle (voir le chapitre "Les réfugiés"). On ne sait pas quand il a été informé de leur décès.

 

Titre bulletin M&M.jpg

Les séparés bulletin M&M.jpg

Guidon-Pana annonce recherche bulletin M&M 25 janvier 1915.jpg

 Bulletin de Meurthe et Moselle n°9 du 25 janvier 1915

 

Dans le bulletin de Meurthe-et-Moselle du 13 avril 1915, Abel GUIDON publie son adresse à Sours, Eure-et-Loir. Peut-être espère-t-il recevoir des nouvelles de sa famille, par l'intermédiaire de réfugiés en provenance de Mercy-le-Haut ou des environs?

 

Guidon avis adresse avril 1915.pngBulletin de Meurthe et Moselle n°20 du 13 avril 1915

 

Toujours par le bulletin de Meurthe-et-Moselle, on apprend que Claire GUIDON est arrivée à Annemasse le 7 janvier 1916, avec un convoi de réfugiés dans lequel se trouvent un petit groupe d'habitants de Mercy-le-Haut. Elle est ensuite évacuée vers le sud. Après la guerre, en 1919, Abel GUIDON se remarie dans la région de Troyes. On ne sait pas s'il a retrouvé sa fille.

 

 

Famille L’HUILLIER

 

La famille L’HUILLIER est une autre famille de Mercy-le-Haut qui a été particulièrement frappée pendant la guerre.

 

Le soir du 22 août, les époux L’HUILLIER, 59 ans, ont été tués dans leur maison, avec 5 autres personnes qu’ils avaient recueillies.

 

Les époux avaient deux fils : Joseph et Louis. Les deux fils ont été mobilisés en fin juillet 1914. L’un des deux, Joseph a été tué en 1918, 2 mois avant la fin de la guerre, en laissant une veuve.

 

Arbre gene Lhuillier 140118 001.jpg

 Arbre généalogique famille L'Huillier (partiel)

 

Note (1) : Joseph Albert L’HUILLIERr a été tué le 15 septembre 1918 à Juvigny (02). Il était sergent au 9e Régiment du Génie, compagnie 25/3.

 

Note (2) : Jules Louis L’HUILLIER a combattu pendant toute la guerre dans le 30e Dragon, où il a retrouvé Jean COLLIGNON, de Boudrezy.

 

 

Jean Emile COLLIGNON

 

Jean-Emile COLLIGNON, cultivateur, a été tué chez lui par les Allemands le soir du 22 août 1914.

 

Il était âgé de 70 ans. Marié, il avait 6 enfants.

 

Le soir du 22 août, sa fille Léontine, alors âgée de 29 ans, était chez son père. Elle a raconté les circonstances du décès de son père dans une lettre adressée à l’abbé Peccavy en 1939 : voir le chapitre « Les Témoignages des Victimes civiles ».

 

Le lendemain 23 août, c’est son frère Aimé COLLIGNON, cultivateur, qui a déclaré le décès. Gustave COLLIGNON, adjoint au maire, et cousin éloigné de Jean Emile, a enregistré le décès sur le registre d’état-civil de Mercy-le-Haut.

 

 

Léon MANDY

 

Léon Mandy a été tué le soir du 22 août 1914. Il était âgé de 18 ans. Il avait 8 frères et sœurs.

 

Son père, Jean Baptiste MANDY, était le cantonnier du village après avoir travaillé longtemps dans la ferme d’Ernest et Gabriel LEBRUN.

 

C’est d’ailleurs en tant que cantonnier que le 23 août, il a été réquisitionné par les Allemands pour inhumer les 10 victimes civiles dans une fosse commune.

 

Leon Mandy 4 extrait.jpg

Léon Mandy, quelques années avant la guerre

 

 

Maurice GUERVILLE

 

Le 23 août au matin, à Mercy-le-Haut, Maurice GUERVILLE, 17 ans, voyait des soldats allemands qui tiraient sur des poules et les manquaient. Riant de leur maladresse, il est pris pour cible par un soldat. Blessé, il décède en arrivant chez lui.

 

La famille Guerville habitait Mercy-le-Haut à titre temporaire. Le père de Maurice travaillait dans une société minière qui étudiait la possibilité d’implanter une mine de fer à Mercy.

 

Pendant la guerre, la famille GUERVILLE rejoint la France libre par un convoi de réfugiés qui arrive à Annemasse. De là, la famille est évacuée sur la côte ouest.

 

 

Auguste ADAM, mort en déportation

 

Auguste ADAM est né le 1er Avril 1895 à Boudrezy. Ses parents sont Edouard ADAM et Clotilde MOUSTY, son épouse. N'ayant pas atteint l'âge de 20 ans en 1914, il n'a pas été mobilisé et est resté à Boudrezy pendant les premières années de la guerre.

 

On ne connait pas les circonstances dans lesquelles il a été arrêté par les Allemands et déporté dans le camp de Gross Poritsch nach Zittau. Il y décède le 19 février 1917, à l'âge de 22 ans.

 

Gross Poritsch était un camp principal de prisonniers civils et militaires situé en Saxe, à l'Est de Dresde. Ce camp a reçu la visite des délégués espagnols le 9 Septembre 1916, à cette date, il y a 2.826 prisonniers, dont 225 sous-officiers français et 1.136 civils français également. Ce camp a reçu la visite des délégués espagnols le 14 Février 1917, à cette date, il y a 2.461 prisonniers dont 989 prisonniers civils français, et 340 militaires, il y a, en plus, 1.081 prisonniers répartis dans des détachements de travail, dont, 502 civils français et 9 militaires.

Source : http://prisonniers-de-guerre-1914-1918.chez-alice.fr/campsg.htm

 

Parmi les prisonniers de guerre se trouvaient des soldats russes.

 

Aujourd'hui, avec le déplacement des frontières, la commune de Gross Poritsch se trouve sur la frontière entre l'Allemagne et la Pologne, côté polonais. Le nouveau nom de la commune est Porajow.

 

Les prisonniers devaient travailler. Voici 2 photos du camp pendant la guerre:

 

Camp Gross Poritsch.jpg

Le camp de Gross Poritsch nach Zittau pendant la guerre de 1914-1918

 

Prisonniers camp Gross-Poritsch.png

Camp de Gross Poritsch: le travail des prisonniers

 

 

Villages voisins

 

Le 23 août 1914, au lendemain de la bataille, les villages autour de Mercy-le-Haut comptent presque tous des victimes civiles. Faisant suite aux travaux des chercheurs qui ont étudié les exactions allemandes en France et en Belgique, au cours du mois d’août 1914, il est intéressant de faire la distinction entre les victimes tuées au cours des combats des 21 et 22 août, et celles qui ont été tuées hors situation de combat.

 

 

 Victimes civiles entre le 4 et le 23 août 1914, à Mercy-le-Haut et dans les villages voisins.

 

Commune

Date du décès

Nombre total de victimes civiles

Circonstances du décès

Note

Pendant un combat

En l’absence de combat

Anderny

22 août

1

?

?

 

Audun-le-Roman

21 août

5

 

5

(3)

Audun-le-Roman

22 août

10

 

10

(3)

Fillières

7 août

1

 

1

 

Fillières

22 août

10

10

 

 

Joppécourt

9 août

1

 

1

(1)

Bazailles

11 août

26

 

26

 

Landres

22 août

4

 

 

 

Malavillers

23 août

1

 

1

 

Murville

22 août ?

4

?

?

 

Mercy-le-Haut

22 août

9

8

1

 

Mercy-le-Haut

23 août

1

 

1

 

Xivry-Circourt

22 août

2

 

3

             (4)

Xivry-Circourt

12 août

1

 

1

(2)

 

(1)    La victime est le maire de Joppécourt

(2)    Fusillé par les Français après accusation d’espionnage

(3)   Audun-le-Roman : le monument indique 17 victimes civiles. Plaque sur l’église = 14 victimes civiles

(4)    Xivry-Circourt : les 2 fusillés sont les jeunes Paquin et Alexandre, de Xivry-Circourt. Ils avaient trouvé et gardé des fusils de soldats allemands provenant du combat du 21 août près du bois de Boudrezy. Avec eux fut fusillé un soldat français, Charles Charbonnier, du 6ème escadron du train. Il avait revêtu des habits civils pour échapper aux Allemands (témoignage du petit-fils de Charles Charbonnier).

  

 

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04/11/2013

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