Mercy-le-Haut 1914-1918

Mercy-le-Haut 1914-1918

La guerre aérienne à Mercy-le-Haut

 

Août 1914 : les premiers vols au-dessus de Mercy-le-Haut

 

On voit passer des avions, environ une fois par jour. Ces avions ont des missions de reconnaissance. (Voir le journal de Charles Bauchot, habitant de Xivry-Circourt).

 

De façon exceptionnelle, certains aviateurs tentent des opérations de bombardement. A Mercy-le-Haut, le 20 août 1914, un avion français lâche un obus de 155 sur des cavaliers allemands. L’obus n’explose pas.

 

 

Les bombardements aériens autour de Mercy-le-Haut

 

En 1916, l'aviation a fait des progrès considérables. Les avions se spécialisent: avions de chasse, d'observation, de bombardement. Les vols de nuit sont fréquents.

 

Les escadrilles de bombardement françaises visent les gare à proximité de Mercy-le-Haut, notamment celle d'Audun-le-Roman qui semble avoir une grande importance stratégique. Dans la seule année 1916, le Bulletin de Meurthe-et-Moselle annonce 7 bombardements de la gare d'Audun-le-Roman, et 1 bombardement de la gare de Pierrepont. Ces bombardements se font de nuit.:

 

Bombardement ALR bulletin 11 avril 16.png

Bulletin de Meurthe-et-Moselle du 11 avril 1916

 

Bombardement ALR bulletin 30 avril 16 B.jpg

Bulletin de Meurthe-et-Moselle du 30 avril 1916

 

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Bulletin de Meurthe-et-Moselle du 25 juin 1916

 

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Bulletin de Meurthe-et-Moselle du 2 juillet 1916

 

Bombardement ALR bulletin 6 aout 16.png

Bulletin de Meurthe-et-Moselle du 6 août 1916

 

Bombardement ALR bulletin 20 aout 16.png

Bulletin de Meurthe-et-Moselle du 20 août 1916

 

Bombardement ALR bulletin 20 aout 16.png

Bulletin de Meurthe-et-Moselle du 10 septembre 1916

 

Bombardement ALR bulletin 1 octobre 16.png

Bulletin de Meurthe-et-Moselle du 1er octobre 1916

 

 

Vers 1916 (date non connue) : les Allemands installent un terrain d’aviation à Mercy-le-Haut

 

Les Allemands installent à Mercy-le-Haut un terrain d’aviation. L’emplacement exact de ce terrain n’est pas connu.

 

Plusieurs escadrilles de chasse se succèdent à Mercy-le-Haut : notamment, les Jagdstaffel (JASTA) 8, 16 b, 64. (source : site www.frontflieger.de). Chaque escadrille compte de 10 à 15 avions.

 

Terrain aviation Mercy 013.jpg

 La photo ci-dessus a été prise en 1918. Le panneau accroché sur l'hélice indique "100ème vol".

 

Voici un autre type d'avion qui a stationné à Mercy-le-Haut en fin 1917 et début 1918: il s'agit de l'avion de chasse Pfalz D.III qui équipait l'escadrille JASTA 16b. 

 

Avion Pfalz D.III Jasta 16B 1918.jpg

 

 

 

La mort du sous-officier aviateur Eugen Förtig le 27 janvier 1918 à Mercy-le-Haut

 

En janvier 1918, la JASTA 16 b (b pour bayrische = bavaroise) était stationnée à Mercy-le-Haut. Un jeune pilote inexpérimenté, le sous-officier Eugen Förtig, âgé de 24 ans, fut affecté à cette escadrille le 15 janvier 1918.

 

L’escadrille était équipée de biplans Pfalz D.III. Cet avion avait mauvaise réputation auprès des pilotes : il avait de nombreuses pannes, notamment des ruptures de pièces.

 

Biplan Pfalz D III.jpg
 Maquette d’un biplan Pfalz D.III

Source : http://www.modellversium.de/galerie/23-flugzeuge-ww1/10629-pfalz-dIII-mac-distribution.html

 

 

12 jours après son arrivée, le 27 janvier 1918, Eugen Förtig se tua au cours d’un vol d’entrainement à proximité de Mercy-le-Haut. Il fut enterré à Mercy-le-Haut avec les honneurs militaires :

 

Enterrement Eugen Foertig.jpg

Enterrement de Eugen Förtig à Mercy-le-Haut en janvier 1918

Source : http://www.qmstore.com/WW-I-Photo-Funeral-Uttfz-Fortig-Jasta-16b-27-1918-At-Mercy-le-Haut-7-X-5-Inch/p564382.html

 

Eugen Förtig fait probablement partie des aviateurs allemands qui, en fin 1918, étaient enterrés dans le cimetière de Mercy-le-Haut, à l’emplacement où se trouve actuellement la tombe d’Albert Lebrun (Source : témoignage de Marguerite Lebrun).

 

Après la guerre, son corps a été déplacé dans le cimetière militaire allemand de Pierrepont, à quelques km de Mercy-le-Haut.

 

 

Les autres terrains d’aviation à proximité de Mercy-le-Haut

 

A moins de 5 km de Mercy-le-Haut, se trouvaient plusieurs terrains d’aviation (source : site www.frontflieger.de ):

 

Preutin-Higny :

 

Le terrain d'aviation se trouvait sur le plateau entre Preutin et Murville. On y accédait par la rue de Murville: cette rue est prolongée par un chemin de terre. Selon la tradition de la famille qui occupe la dernière maison à gauche en sortant de Preutin par ce chemin, la grange attenante à la maison était utilisée par les Allemands pour réparer les avions: les avions étaient introduits dans la grange après démontage des ailes.

 

Selon les archives militaires allemandes, les escadrilles de chasse JASTA 62, 68 et 74 ont stationné sur le terrain de Preutin.

 

Mont-Bonvillers :

 

Un terrain d’aviation (KG2) a été installé entre Mont-Bonvillers et Murville, à proximité de l’actuelle déviation de Murville.

 

Terrain aviation Mont Bonvillers.jpg

Terrain d’aviation de Mont-Bonvillers

Source : http://www.theaerodrome.com/forum/other-wwi-aviation/40559-google-earth-wwi-aviation.html

 

Un chercheur a superposé l’emplacement approximatif du terrain d’aviation sur une photo aérienne récente : « We can superimpose an old photo over the satellite picture, and then we can rotate it any way we want. Here we see the exact location of KG2´s airfield located between Mont Bonvillers and Murville. Manfred von Richthofen crash landed here in a Fokker Eindecker. ».

 

Le célèbre aviateur Manfred von Richthofen aurait atterri en urgence et se serait « crashé » sur cet aérodrome, avec un monoplan Fokker.

 

 

Le combat aérien du 26 septembre 1918 au-dessus de Murville

 

En septembre 1918, les troupes américaines tiennent le front à proximité de Verdun. Le 26 septembre 1918, elles engagent une grande offensive dans le secteur de l’Argonne. Le front se trouve alors à une quarantaine de km de Mercy-le-Haut.

 

Le 26 septembre, l’escadrille de bombardement n°20, appartenant au 1er Groupe de Bombardement américain, reçut la mission de bombarder un pont de chemin de fer à Dun-sur-Meuse, environ 40 km au nord de Verdun.

 

7 avions franchirent les lignes pour accomplir la mission. Dans chaque avion se trouvaient deux hommes : un pilote et un observateur. La mission devait être exécutée de plein jour.

 

L’escadrille américaine fut attaquée une première fois au-dessus de Dun-sur-Meuse. Puis, de nouveau, elle fut attaquée dans la région d’Audun-le-Roman par une vingtaine d’avions de l’escadrille de chasse allemande « Jagdgeschwader N°1 von Richthofen ».

 

Cette escadrille de chasse avait été dirigée par le célèbre aviateur Manfred von Richthofen jusque sa mort en avril 1918. Depuis juillet 1918, von Richthofen avait été remplacé à la tête de l’escadrille par Hermann Göring.

 

Le combat fut très inégal. Les avions de chasse allemands étaient plus rapides que les avions de bombardement américains. Les pilotes allemands étaient expérimentés, alors que pour la plupart des pilotes américains, c’était la première mission.

 

Sur les 7 avions américains, 5 furent abattus. C’est notamment le cas de l’avion de type De Havilland DH4, pilotés par les aviateurs Harry Campbell PRESTON et Philip Newbold RHINELANDER. Les deux Américains ont livré un combat acharné pendant 10 minutes. Attaqués par 5 avions allemands et coupés du reste de l’escadrille, ils furent abattus au-dessus de Murville.

 

Les 2 aviateurs furent enterrés à Murville. Après la guerre, le corps du lieutenant PRESTON fut transféré dans le cimetière américain de Suresnes (92). Par contre, le lieutenant RHINELANDER repose toujours dans le cimetière de Murville. Le père du lieutenant RHINELANDER a fait un don de 2.400 francs à la commune de Murville, à charge pour elle d’entretenir à perpétuité la sépulture de Philip RHINELANDER (Source : la Revue Montoise, N°7, Juin 2014).

 

Sépulture Rhinelander.jpg
 Sépulture du lieutenant Rhinelander

Cimetière de Murville

 

 

La commune de Murville a fait graver sur l’une des faces du monument aux morts une sculpture représentant l’avion tombé au sol, avec les noms des deux pilotes.

 

Monument aux morts Murville 1.jpg

Monument aux morts de Murville

Sculpture à la mémoire des aviateurs américains

 

 

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Monument aux morts de Murville

Détail

 

 

Voici un document américain qui donne des informations sur Philip RHINELANDER :

 

 

Début de citation

 

Philip RHINELANDER


Born August 29, 1895. Son of Thomas Newbold and Katherine Rhinelander. Home, Lawrence, Long Island, New York. Educated St. George's School, Newport, Rhode Island; Thatcher School, California, and Harvard University, Class of 1918. Joined American Field Service, July 11, 1916; attached Section Nine in France and Ten in Albania until July 16, 1917. Enlisted U. S. Aviation. First Lieutenant, November, 1917. Trained Tours and Clermont-Ferrand; attached 20th Day Bombing Squadron. Killed in combat, September 26, 1918, at Murville, over German lines southeast of Longuyon, near Audun-le-Roman. Buried Murville, Meurthe-et-Moselle.

PHILIP RHINELANDER, with his boyish spirit, and his charm, the embodiment of a fine inheritance, was always a favorite in whatever group he mingled. Courteous and thoughtful of others but always with a playful smile on his lips, he won the affection, admiration, and confidence of everyone who knew him. Life seemed to hold everything for him, and yet one knows instinctively that he faced death with that same playful smile hovering about his lips.

 

 

Rhinelander.jpg

 

 


On September 26, 1918, the first day of the great Argonne offensive, the Twentieth Aero Squadron, of the First Bombardment Group, was ordered to bomb, by daylight and at all costs, the railway bridge at Dun-sur-Meuse north of Verdun. Fourteen aviators crossed the lines to carry out this mission. "Phil" Rhinelander was one of the eleven who never came back.

It was"Phil's" first trip over the lines. He was piloting a DH4 bombing plane equipped with a Liberty motor. Near the village of Dun the flight to which he belonged beat off an equal number of Boche avions, and over Longuyon was again attacked, this time by about twenty German pursuit planes of the famous Richthofen Squadron, and a running "cat-and-dog fight" ensued.

"We lost most of our best men," wrote Lieutenant Sidney Howard, the Flight Leader, "among them Rhinelander . . . . . .. And Lieutenant Clarkson Potter, who was, decorated with the D. S. C. for his part in this raid, and later himself shot down and killed in aerial, combat, wrote in a letter home: "Several times during the fight I saw Rhinelander and Preston blazing away with their guns as fast as they could fire." An intelligence officer attached to the Air Service of the Fifth German Army has described the onrush of the Richthofen "Fokkers," and writes: "In the ensuing general fight three Americans, who probably wanted to cover the retreat of the others, were cut off. One of these was Rhinelander . . . . . Three to five German planes pounced upon each of these, separated from the rest, in order to force them to land or to shoot them down. The three Americans put up a bitter fight and gave us hard work. The hopeless fight may have lasted ten minutes. The numerical superiority of the Germans, and their fighting routine, overcame their young adversaries." French eye-witnesses agreed that there were five Boche avions attacking his plane when "Phil" fell.

Rhinelander left Harvard to join the Field Service in the summer of 1916 and he remained with it as a volunteer for more than a year. He was at first attached to Section Nine, then working in the mountains of Alsace Reconquise. Afterwards he was one of those who volunteered to make up Section Ten, which was being sent out, at the especial request of French Headquarters, to work with the French troops in the Balkans. He returned to France in the summer of 1917 and enlisted in the American Air Service, receiving his preliminary training at Tours and his finishing training as a bombing pilot at Clermont-Ferrand.

The many friends "Phil" made during the war were not confined to his own countrymen. His bubbling gaiety endeared him as well to the French soldiers and officers with whom he came in contact. It was as impossible not to feel attracted by his eagerness, liveliness, and grace as it was not to admire his intense loyalty and his unfailing anxiety to do his best. He fell to his death that day, close to the pre-war boundary of German Alsace-Lorraine, with the same high, finely-tempered spirit with which he had faced every experience that devotion to duty had brought him.

Fin de citation

 

 

 

 

 

Après l’armistice du 11 novembre 1918

 

Dans la semaine qui a suivi la signature de l’armistice le 11 novembre 1918, les troupes allemandes ont quitté Mercy-le-Haut.

 

Selon les carnets de Marguerite Lebrun, les aviateurs auraient été les derniers à quitter Mercy-le-Haut. Un aviateur qui occupait une chambre dans la maison d’Albert Lebrun aurait laissé presque toutes ses affaires – dont un sabre – , probablement parce qu’il n’avait pas assez de place pour les mettre dans son avion.

 

Il y avait sur le terrain d’aviation une petite cloche qui servait à avertir le personnel au sol de l’arrivée d’un avion. Cette cloche a été utilisée par le curé de Mercy-le-Haut pour remplacer les 3 cloches du clocher, enlevées par les Allemands en janvier 1917.

 

Cette cloche, de taille beaucoup plus modeste que les cloches de l’église, fut utilisée jusqu’en 1924, lorsque les nouvelles cloches furent installées dans le clocher.

 

 



02/10/2014

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