Mercy-le-Haut 1914-1918

Mercy-le-Haut 1914-1918

Les soldats de Mercy-le-Haut et Boudrezy tombés au champ d'honneur

 

Les soldats de Mercy-le-Haut et Boudrezy tombés au champ d’honneur

 

Sur la trentaine de soldats mobilisés en août 1914, 8 ne reviennent pas.

 

Ces 8 soldats sont inscrits sur le monument aux morts, au titre de la guerre 1914-1918:

 

Nom Prénoms

 

Date & lieu de décès

Notes

ADAM Ernest

 

19/04/1917 Gernicourt (02)

FELTGEN Eugène

 

26/11/1914

HENRY René

 

06/10/1918 Morcourt (02)

JESPAS Justin Joseph Emile     

 

05/06/1915 Vienne-le-Château (51)

L'HUILLIER Albert Joseph

 

15/09/1918 Juvigny (02)

(1)

LAGRANGE François Alexis

 

29/09/1914 Lacroix-sur-Meuse (55)

LEFORT Elie

 

22/11/1915 Verdun-sur-Meuse (55)

NOIRJEAN Marie Georges

 

17/03/1915 Le Mesnil-lès-Hurlus (51)

 

Source : tableau extrait du site http://www.memorial-genweb.org

(En cliquant sur les noms, on obtient la fiche individuelle réalisée par le site Mémorial GenWeb)

 

Voici quelques informations complémentaires sur chaque soldat :

 

 

Ernest ADAM

 

Ernest ADAM est né le 26 octobre 1890 à Mercy-le-Haut. Ses parents étaient Joseph ADAM, cordonnier, et Marie Rose ADAM née LECOMTE.  Il avait 1 frère et 5 sœurs. Il était domicilié à Mercy-le-Haut.

 

Ernest ADAM est un cousin très éloigné d’Auguste ADAM, mort en déportation, inscrit sur la liste des victimes civiles.

 

En 1917, Ernest ADAM était soldat au 151ème régiment d’infanterie, 1ère compagnie.

 

S’il était déjà affecté au même régiment dès la mobilisation en 1914,  il a assisté le 21 août 1914 au combat du bois de Boudrezy, dans lequel son régiment appuyait le 19ème bataillon de chasseurs à pied (voir chapitre consacré au 21 août 1914). Ce jour-là, il se trouvait donc à 3 km de chez lui ! Le lendemain 22 août, il est passé par Saint-Supplet, et il a participé aux combats de Pierrepont et Doncourt, où son régiment a perdu 800 hommes sur un total de 3.000 environ.

 

Ernest ADAM a été tué le 19 avril 1917, vers 15h00, à Gernicourt (02) à proximité de Berry-au-Bac (10 km au nord de Reims).

 

Ces combats font partie de l’offensive française d’avril 1917 au Chemin des Dames.

 

Le JMO (journal des marches et opérations) du 151ème RI décrit la journée du 19 avril 1917. Le régiment est en position dans ses tranchées, quand l’ennemi déclenche vers 14h un tir d’artillerie violent qui provoque des pertes. Plusieurs soldats sont tués, dont Auguste ADAM. Prévoyant une attaque allemande, le régiment se met en alerte, et l’artillerie française déclenche un tir de barrage. Finalement, l’attaque allemande n’aura pas lieu.

 

Ce jour-là, au 151ème RI, on compte 7 tués et 23 blessés. C’est une journée ordinaire : les journées précédentes et suivantes, on a compté 10 à 20 tués par jour, et jusque 50 blessés.

 

 

 ADAM extrait JMO 140120 reduit 1 page.gif

JMO du 151ème RI, journée du 19 avril 1917

Source : http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/

 

 

Le décès d’Ernest ADAM a été transcrit sur le registre d’état civil de Mercy-le-Haut le 6 février 1919 par Gabriel Lebrun, maire.

 

Voici la page du registre à la date du 6 février 1919 :

 

Décès Adam registre etat civil 140120.gif

 Registre d’état-civil de Mercy-le-Haut, date du 6 février 1919

 

 

Eugène FELTGEN

 

Eugène FELTGEN est né le 18 septembre 1891. Ses parents étaient Mathias Eugène FELTGEN, cordonnier, et Clémentine FELTGEN, née BEDOGNIET.

 

C’était le fils unique des époux Feltgen.

 

En 1914, il a été mobilisé dans le 18ème bataillon de chasseurs à pied (18ème BCP).

 

Le 18ème BCP a d’abord assuré la couverture de la frontière dans la région de Longuyon, où il est caserné. Le 22 août, il a combattu en Belgique. Il s’est ensuite replié jusqu’en Argonne, où il a pris position à partir de septembre 1914.

 

C’est au cours de cette campagne qu’Eugène FELTGEN contracte la typhoïde.

 

Il est évacué sur Aurillac (Cantal). Il décède le 26 novembre 1914 à l’hôpital d’Aurillac, des suites de sa maladie.

 

Il a été inhumé dans le cimetière d’Aurillac, carré militaire « Aurillac M », tombe 21.

 

  

René HENRY

 

René HENRY est né le 6 octobre 1891 à Mercy-le-Haut. Son père, décédé en 1899, était Auguste HENRY. Sa mère était Marie-Clotilde HENRY, née HAAS.

 

Il avait 3 sœurs et un frère.

 

René HENRY était célibataire. Sur l’acte de décès, son domicile a d’abord été inscrit à Asnières, puis a été rectifié et noté « Mercy-le-Haut ».

 

En 1918, il est soldat au 13ème bataillon de chasseurs alpins, dans la 2ème compagnie.

 

Le 6 octobre 1918, le bataillon franchit le canal de Saint-Quentin à Morcourt, à 2 km au nord de Saint-Quentin. Ce passage se fait sous un bombardement intense. C’est au cours de ce passage qu’est tué René HENRY.

 

Historique chasseur alpin HENRY 140121.gif
 Historique du 13ème régiment de chasseurs alpins, page 22

 

René HENRY a été décoré de la Croix de guerre. Le bulletin de Meurthe-et-Moselle du 24 novembre 1918 mentionne la décoration de René HENRY:

 

Henry bulletin MetM.jpg

Bulletin de Meurthe-et-Moselle du 24 novembre 1918

 

Le décès de René HENRY sera transcrit sur le registre d’état civil de Mercy-le-Haut le 12 décembre 1919 par Gérard Georges, maire.

 

 

Justin Joseph Emile JESPAS

 

Justin JESPAS est né à Preutin le 2 mars 1882.

 

Il était soldat au 151ème régiment d’infanterie, le même régiment qu’Ernest ADAM.

 

Il a été tué le 5 juin 1915 à la Harazée (Marne), bois de la Gruerie. Ce bois, situé dans la région de Varenne, en Argonne, fut le théâtre de violents combats pendant presque toute la durée de la guerre.

 

 

JESPAS Harazee 140121.gif

Champ de bataille de la Harazée, bois de la Gruerie

 

Son décès a été transcrit le 10 novembre 1919 sur le registre d’état-civil de Landres. Son nom est inscrit sur deux monuments aux morts : celui de Landres, et celui de Mercy-le-Haut.

 

Justin Emile JESPAS était marié, et avait une fille nommée Paule Elisabeth.

 

Il semblerait que la famille JESPAS soit venue s’installer à Mercy-le-Haut vers 1913-1914 (à confirmer). On relève dans les actes de la commune de Mercy-le-Haut le décès en 1924 de Paule Elisabeth, âgée de 12 ans. L’épouse de Justin Emile JESPAS décède à Mercy-le-Haut en 1963.

 

 

Joseph Albert L’HUILLIER

 

Joseph Albert L’HUILLIER est né le 9 juin 1887 à Mercy-le-Haut. Lui et son frère Louis sont mobilisés en juillet 1914.

 

Ses parents sont Jean-Baptiste L’HUILLIER, cordonnier, et Marie-Catherine, née JACQUINET.

 

Son père et sa mère font partie des 7 victimes civiles tuées dans leur maison dans la soirée du 22 août 1914, lorsque les Allemands pénétrèrent dans Mercy-le-Haut après plusieurs heures de combats.

 

LHUILLIER arbre gene 140121.gifFamille L'Huillier. Extrait arbre généalogique

 

En 1914, lors de son incorporation, Joseph L’HUILLIER était marié à Claudine DOMAIN. Le mariage avait eu lieu à Paris 5.

 

En 1918, Joseph L’HUILLIER est sergent au 9ème Génie, compagnie 25/3. Il a été tué à l’ennemi le 15 septembre 1918, à Juvigny (Aisne), 5 km au Nord de Soissons.  A ce moment-là, les Français avaient repris Soissons et progressaient vers le nord-est. Les Allemands résistaient sur la ligne Hindenbourg et dans la forêt de Saint-Gobain.

 

 

François Alexis LAGRANGE

François Alexis LAGRANGE est né le 20 septembre 1880 à Mercy-le-Haut. Ses parents sont Jean-François LAGRANGE, tailleur de pierre, et Marie-Louise LAGRANGE, née MAUBEUGE, couturière.

 

François Alexis LAGRANGE semble être enfant unique. Avant la guerre, il a épousé Emilie BOMBARDIER.

 

 

Lagrange portrait 140604.gif

Alexis LAGRANGE

 

En 1914, il est incorporé au 9ème régiment du génie, compagnie 6/5, comme sapeur mineur.

 

En septembre 1914, la compagnie est chargée d’organiser la défense du bois de la Selouze, qui se trouve sur le territoire de la commune de Lacroix-sur-Meuse. Cette commune se trouve à 15 km au sud de Verdun et 6 km au nord de Saint-Mihiel. L’endroit est stratégique : les Allemands prenant Saint-Mihiel (le saillant de Saint-Mihiel), les positions françaises autour de Lacroix-sur-Meuse sont le dernier rempart pour éviter l’encerclement complet de Verdun.

 

C’est la fin de la guerre de mouvement, la guerre de position commence. La compagnie effectue son travail de fortification sous des bombardements importants de l’artillerie allemande. C’est au cours de ces bombardements que François LAGRANGE est tué par des éclats de Shrapnels.

 

LAGRANGE historiquev 140121.gif

Historique de la Compagnie 6/5 du 9ème régiment du génie, extrait page 4

 

 

Elie LEFORT

 

Elie LEFORT est né à Boudrezy le 25 avril 1885.

 

Ses parents habitent Boudrezy. Son père, Henry LEFORT, est cloutier, comme son grand-père et son arrière-grand-père. Sa mère, Marie-Françoise, est née HENRY. Ils ont 7 enfants : 2 filles et 5 garçons. Deux enfants travaillent à Paris. Un frère de Elie construit des barrages dans le Jura. Elie LEFORT est célibataire.

 

En août 1914, Elie LEFORT est incorporé dans le 164ème régiment d’infanterie. Au cours de l’année 1915, le régiment est affecté à la défense du secteur nord de Verdun. Les différentes compagnies se relaient pour effectuer des travaux de défense et occuper les premières lignes. Ce n’est pas encore la grande offensive de Verdun, que les Allemands déclencheront en février 1916, mais les combats sont fréquents. Elie LEFORT est caporal à la 26ème compagnie.

 

Carte Bethincourt Verdun Lefort 141116.jpg

Attaque allemande par les gaz à Béthincourt (Meuse), le 26 novembre 1915

(Extrait de la carte Michelin n°241. Cliquer sur la carte pour l'agrandir)

 

Le 26 novembre 1915, les 26ème et 28ème compagnies sont en première ligne à Béthincourt (Meuse), petit village situé à 20 km au nord-ouest de Verdun. Les tranchées ennemies sont à moins de 200 m. Depuis quelques jours, on note un regain d’activité dans les lignes allemandes, ainsi que le passage de plusieurs avions allemands. Le 22 novembre, un déserteur allemand annonce la préparation d’une attaque par les gaz sur le secteur de Bethincourt. L’attaque aurait été retardée suite à des vents contraires.

 

Des dispositions sont prises pour se protéger des gaz.

 

Le 26 novembre, vers 17h, une odeur de gaz se fait sentir. Les sentinelles donnent l’alerte en frappant sur des douilles de 75. Une nappe de gaz blanc sale de 3-4 m de haut arrive sur les tranchées françaises. Elle fait 1 km de large. Il y a trois émissions successives, séparées chacune par 1/2 heure d'intervalle. Chacune des deux premières émissions dure de 5 à 10 minutes ; la dernière est un peu plus longue. Elles sont annoncées toutes trois par un sifflement. Simultanément, des batteries allemandes tirent des obus à gaz suffocant à la lisière de Béthincourt.

 

Les soldats mettent leurs « tampons masques » (masques à gaz rudimentaires sans cartouches filtrantes, type P2), gagnent leurs créneaux la baïonnette au fusil, et font des feux de paille.

 

Masque a gaz P2  Lefort 141115 001.jpg

Masque à gaz type P2 aux trois compresses (photo novembre 1915)

 

La nappe de gaz recouvre les positions françaises pendant 2h30, puis disparait lentement. Le nombre des intoxiqués, d’abord très limité, s’accroît chez les occupant des tranchées les plus étroites et les plus profondes.

 

L’infanterie allemande fait une reconnaissance des lignes françaises, qui est repoussée d’abord par une fusillade, puis par un tir de barrage des 75 français. Le capitaine Ducellier, qui, avec un grand sang-froid. donne ses ordres, parcourt ses lignes, et renseigne le commandement, est obligé de soulever son masque pour parler au téléphone. Il est gravement intoxiqué et meurt quelques jours plus tard.

 

Bientôt, les postes de secours sont encombrés. On évacue les asphyxiés. Les hommes sont hébétés et sans force.

 

L’état-major envoie des renforts pour occuper les premières lignes. Vers 22h, les 26ème et 28ème compagnies sont relevées.

 

Sur un effectif total de 250 hommes environ, la 26ème compagnie compte 9 morts et 4 blessés par balles ou obus, et 90 intoxiqués. Parmi ces intoxiqués, une vingtaine – dont Elie LEFORT - décédera dans les heures qui suivent leur évacuation.

 

Elie LEFORT est admis à l’hôpital de Verdun le 27 novembre. Il décède le 28 novembre à 7h. Il repose au cimetière militaire du Faubourg Pavé, à Verdun, tombe n° 3238.

 

Portrait Elie Lefort.jpg

Elie Lefort (photo communiquée par la famille)

 

 

 

 

Georges NOIRJEAN

 

Georges NOIRJEAN est né le 19 mars 1890 à Mercy-le-Haut. Ses parents sont Jean Pierre Alfred NOIRJEAN et Adèle NOIRJEAN, née RODICQ.

 

Les époux NOIRJEAN ont 2 enfants : Elisabeth, l’ainée, qui épousera Gabriel LEBRUN, le frère du député et futur président, et Georges.

 

En 1914, Georges est mobilisé au 120ème régiment d’infanterie. Le régiment se bat en Belgique, puis participe à la bataille de la Marne, prend position en Argonne (septembre 1914 à janvier 1915). En Février et Mars 1915, le régiment prend part à des combats très violents en Champagne, au nord de Suippes et Valmy, au cours desquels il perdra 1.700 hommes.

 

Georges NOIRJEAN a le grade de sergent. Il est tué au cours de ces combats, le 17 mars 1915, à Le Mesnil-les-Hurlus. Il est âgé de 25 ans.

 

140604



28/11/2013

A découvrir aussi